Depuis Aristote jusqu'à Raymond Aron, en passant par Machiavel ou Hobbes, on ne cesse de répéter que l'homme est un animal politique. Ces derniers temps, cela n'aura jamais été aussi vrai. Pourtant on a de plus en plus l'impression que c'est justement le côté animal qui prime dans la politique. Les décisions, les luttes, et les projets reflètent bien plus les instincts ou les pulsions qu'une réalité objective, et les politiques finissent par leur accorder une forme de légitimité, au nom de quelque chose qu'ils ressentent, sans doute un flair bestial, qui leur est propre. Les élections en France en sont une bien triste illustration. En Israël, depuis quelques jours on évoque également la possibilité d'avancer l'échéance électorale d'un peu plus d'un an. Or si l'on faisait un sondage, on se rendrait compte que cette décision n'a aucune justification objective. Comme on dit ici: "Ma kara?" Qu'est-il arrivé qui oblige la classe politique à se lancer dans un processus coûteux et troublant?
La réponse est rien d'important. Pourtant il semble que Netanyahou, en véritable animal politique qu'il est, estime que c'est le bon moment pour affermir son pouvoir et profiter d'une situation "idéale" pour lui, où tous les sondages le donnent largement gagnant, après le départ de Tzippi Livni et l'entrée en lice d'un nouveau parti centriste sous la houlette de Yaïr Lapid. Dans tous les cas de figure, Netanyahou à la tête du Likoud obtiendrait le double de chacun des trois partis d'opposition et serait assuré de composer le futur gouvernement. Difficile de résister à la tentation, d'autant qu'en plongeant le pays dans une campagne électorale il évite le risque de voir à nouveau apparaitre cet été un mouvement social, comme l'été dernier, déçu des réformes encore insuffisantes appliquées par son gouvernement. Au-delà des 500 Millions de shekels que coûtent les élections, et dont on pourrait faire bon usage ailleurs, le renouvellement de la Knesset avec le même système politique totalement caduque, affaiblit la démocratie israélienne et la confiance des citoyens dans les institutions. A chaque élection, plus d'un tiers des députés sont des novices, que personne ne connait. Dès qu'ils apparaissent sur la scène politique, il nous faut déjà les oublier. Le travail parlementaire de législation et de contrôle devient une comédie de boulevard jouée par de mauvais acteurs. Les partis politiques se font et se défont comme des jeux de Lego et l'idée que le destin du pays se trouve entre les mains de quelques opportunistes ayant pris le bon wagon à un moment propice nous donne des frissons.
En politique l'homme doit, à la différence de l'animal, voir au loin et pas seulement répondre à ses instincts et ses intérêts à court terme.
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