Plus de 50 millions d'Egyptiens se sont rendus aux urnes pour élire leur nouveau président, après l'éviction de Moubarak et l'élection d'une majorité islamiste au Parlement il y a quelques mois. La volonté de mener à bien ce processus démocratique grâce au contrôle de l'armée sur le déroulement du scrutin est un signe encourageant qui indique que le peuple égyptien n'entend pas se laisser dérober le bénéfice de la révolution de l'an dernier. Néanmoins, parmi les treize candidats à la présidence on retrouve deux anciens notables du pouvoir précédent Amer Moussa, ancien ministre des affaires étrangères et chef de la Ligue arabe, Ahmed Chafik ancien premier ministre de Moubarak. Parmi les plus sérieux rivaux de ces deux personnalités, on trouve plusieurs candidats islamistes et notamment le représentant des Frères musulmans Muhammad Morséi et un dissident de cette organisation Abou el Foutoukh, ou encore le candidat salafiste indépendant Hamdan Tzabahi. Il est probable qu'aucun des candidats n'obtiendra 50% des suffrages au premier tour et que l'élection se jouera au second tour à la mi-juin. Il n'existe en Egypte aucun sondage fiable pour une première élection ouverte comme celle-ci. Amer Moussa se présente comme un candidat libéral, même si ses positions à l'égard d'Israël ne sont guère favorables à un renforcement des relations. Dans un jingle électoral de soutien à Moubarak, l'interprète scande au son d'une musique orientale la phrase "je hais Israël". Il a néanmoins écarté l'éventualité d'une abrogation du traité de paix. Le candidat des Frères musulmans n'a pas, non plus, annoncé la suppression des accords de paix. Un sondage publié en Israël il y a quelques jours montrent que l'immense majorité( plus de 70%) des Egyptiens restent favorables à la paix avec Israël. Le fait que le premier tour de ces élections s'est déroulé sans incident majeur est en soi une réussite, mais les candidats perdants accepteront-ils leur défaite sans heurt? Nul ne peut le dire aujourd'hui, car les résultats ne seront annoncés que dans une semaine. L'armée, de son côté, acceptera-t-elle la victoire d'un candidat qu'elle considère comme son ennemi, et c'est le cas de Moussa et de Morséi, les deux favoris de cette élection? Tous les regards du monde arabe sont tournés vers l'Egypte, car ce qui va s'y jouer dans les prochaines semaines est d'une importance capitale pour l'avenir de la région et du monde musulman.
Pour l'Egypte, qui n'a jamais connu de régime démocratique, le changement c'est maintenant…
Michael Bar-Zvi Guimel Sivan 5772
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