Au Proche-Orient les événements sporadiques ont en général un lien avec le contexte régional ou la situation internationale. C'est pourquoi il est difficile de comprendre pourquoi l'armée israélienne semble avoir été surprise par les tirs d'une cinquantaine de missiles et roquettes sur le sud d'Israël depuis trois jours. Certes, Tsahal a réagi avec fermeté et détermination, mais pour une fois l'initiative n'était pas du côté israélien et la population civile n'avait pas été alertée des risques probables d'une attaque, comme cela avait été souvent le cas auparavant. S'agit-il d'une évaluation erronée des services de renseignements ou bien d'une mauvaise analyse des données recueillies sur le terrain?
Pourtant la situation en Egypte depuis les élections présidentielles et les tensions entre l'armée et les Frères musulmans auraient pu susciter certains soupçons en Israël, sur une volonté du Hamas, allié des Frères musulmans, de ranimer les braises afin de mettre à jour et de dénoncer les liens entre Israël et les militaires égyptiens. Dans un premier temps, le Hamas a laissé entendre qu'il s'agissait d'attaques menées par son opposant le djihad islamique, mais les informations ont rapidement confirmé que le pouvoir en place à Gaza était à l'origine des attaques. D'autant que le djihad islamique, soutenu par la Syrie, fait face aujourd'hui à des difficultés logistiques liées à la guerre civile dans ce pays. Jusqu'à présent, c'est l'armée égyptienne qui servait d'intermédiaire entre le Hamas et Israël pour négocier des périodes de calme et d'arrêt des bombardements, mais il semble que ce canal de transmission ne fonctionne plus depuis quelques semaines. Les officiers égyptiens ne rencontrent plus ouvertement leurs homologues israéliens, mais rarement et dans la plus grande discrétion pour éviter d'apparaitre dans l'opinion publique comme des collaborateurs de l'Etat hébreu ou des suppôts du sionisme. L'armée ne semble plus vraiment en mesure d'empêcher la nomination du candidat des Frères musulmans à la présidence Morséi, et un putsch ne semble pas vraisemblable, car le président américain Obama considère que la démocratie a rendu son verdict malgré un résultat dont les conséquences risquent d'être très lourdes. Les Kassam lancées cette semaine sur Israël sont les premières retombées des élections égyptiennes.
La stratégie sophistiquée du président américain essayant de faire le grand écart entre le soutien aux Frères musulmans et la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël vient de s'avérer au grand jour comme un cuisant échec. Il fut un temps où l'on désignait les Etats-Unis comme le grand gendarme, mais aujourd'hui guignol a pris sa place.
Michael Bar-Zvi Alef Be tamouz 5772
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