Le président de l'Etat d'Israël Shimon Peres a-t-il fait un faux-pas en affirmant, lors des cérémonies de commémoration de l'anniversaire du fondateur du mouvement sioniste Theodor Herzl, que "les implantations établies dans des régions à forte densité arabe représentaient un danger démographique pour l'Etat juif, car elle risquaient de devenir une menace pour la nature démocratique du pays." ? Jusqu'à présent, cet homme d'Etat habile et expérimenté s'était abstenu de prendre position dans les débats politique sensibles, en se plaçant comme le garant du rassemblement, c'est à la mode, et du consensus. Il avait plutôt bien réussi sa transition d'homme de parti, de stratège des manœuvres politiciennes et d'artisan de négociations complexes, en patriarche de la nation. On pouvait croire qu'il avait mis fin à son parcours tortueux dans les méandres de la politique, et qu'il cesserait de zigzaguer entre les idées et les factions et se contenterait de porter la bonne parole israélienne à travers le monde, profitant de son statut de figure emblématique reconnue.
Pourquoi avoir choisi de critiquer justement une décision de la Cour suprême, qu'on ne peut soupçonner de véhiculer une idéologie d'extrême droite, sur la question de la légitimité des implantations? Je ne crois pas que Shimon Peres ignore la loi internationale, ni même l'histoire de son pays. Il connait bien mieux que nous tous cette question, et n'est pas sans savoir que la presque totalité des implantations sont installées sur des terres domaniales ou des terres acquises en toute légalité, à prix fort et selon les règles. Quant au statut de la Judée-Samarie, il s'agit d'une terre "disputée" qui faisait partie du Foyer Juif prévu dans le cadre du Mandat britannique. Je ne pense pas non plus que Shimon Peres a perdu la mémoire, mais je me permets de lui rappeler qu'il était, en 1976, ministre de la défense dans le gouvernement Rabin lors de l'installation de la première implantation à Sebastia, en Samarie, devenue ensuite Elon More. Déjà à l'époque, la Cour Suprême n'avait pas déclaré cette implantation illégale, malgré les nombreuses tentatives de militants d'extrême-gauche pour expulser les premiers résidents de ce village. Depuis plus de trente-cinq ans, la Judée et la Samarie sont devenues des régions où toute personne peut vivre, travailler, élever ses enfants. Chacun a la liberté de s'y installer, ou pas, mais la morale sioniste et l'unique sens d'une démocratie est qu'il n'y ait aucun lieu, aucune région, aucune ville, aucun site qui puisse être déclaré "Judenrein". Ce temps-là est révolu, et s'il y a dispute sur les frontières de l'Etat juif et que dans le cadre de négociations, les dirigeants israéliens élus démocratiquement, parviennent à un accord sur leur tracé, sera alors venu le moment, et seulement à cet instant, de décider de l'avenir des habitants juifs et arabes, de la Judée et de la Samarie. Rappelons enfin que le président en Israël n'a qu'un rôle symbolique de représentation, car il n'est pas élu par le suffrage universel, mais par les membres de la Knesset. Shimon Peres, qui n'a jamais remporté une seule élection, est pourtant bien placé pour le savoir. Alors que cherche Peres ? Peut-être veut-il revenir sur l'échiquier politique pour y créer un nouveau parti politique avec quelques anciens amis ou bien tout simplement s'assurer qu'on ne l'oublie pas ? La politique c'est comme la conduite automobile, il n'y a pas d'âge limite.
Michaël Bar-Zvi Khaf Bet Tamouz 5772
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