Le Proche-Orient est sans aucun doute une des régions les plus étudiées par les géopoliticiens, à croire que la géopolitique a été forgée pour analyser le Proche-Orient, ou que vice-versa il a été inventée par et pour elle. Car dans ce coin de la planète, rien n'arrive par hasard. Le dernier exemple en date est la recrudescence des attaques de roquettes et de missiles contre les villes du sud d'Israël, qui éclate au lendemain de la visite de l'émir du Qatar, le cheikh Hamad al Thani à Gaza. C'est la première visite officielle d'un chef d'Etat au Hamasland dirigé par Ismaïl Hanieh. Cette légitimation du pouvoir islamiste du Hamas, au détriment de l'Autorité palestinienne a eu pour conséquence immédiate la reprise des bombardements sur Israël et l'arrêt des manœuvres communes de Tsahal avec l'armée américaine.
Ami de Khaled Mechaal, qu'il héberge dans un hôtel 5 étoiles de Doha depuis son départ précipité de Damas, et soutien des Frères musulmans, l'émir du Qatar est venu, comme d'habitude, avec un petit chèque de 250 Millions de dollars, pour, comme le dit le communiqué du Hamas: "reconstruire les infrastructures de la bande de Gaza". Pourquoi les dirigeants qataris ont-ils choisi de soutenir les terroristes du Hamas et non Abou Mazen et l'autorité palestinienne ? Probablement pour les mêmes raisons qu'ils ont soutenu les opposants à Khadafi, Moubarak et aujourd'hui Bachar el Assad en Syrie. L'argent qatari n'a pas seulement l'odeur de son pétrole, mais aussi celui d'un calcul stratégique et géopolitique. Estimant que les islamistes ont le vent en poupe ces derniers mois, le Qatar a cessé toute aide financière à l'Autorité palestinienne, malgré les protestations d'Abou Mazen. N'ayant pas encore d'assise suffisamment forte en Cisjordanie, les islamistes ont préféré appeler au boycott des élections municipales qui n'ont guère mobilisé les habitants de cette région encore sous contrôle de l'Autorité palestinienne. Le double jeu du Qatar, présent dans de nombreuses opérations financières et de spectaculaires campagnes de philanthropie devrait inquiéter les chancelleries européennes. Le Qatar s'achète une virginité morale auprès des pays démocrates pour mieux soutenir au Proche-Orient, et bientôt en Occident les pires éléments de l'islamisme radical. Les investissements dans les secteurs de luxe comme l'hôtellerie ou les clubs de football ne sont pas anodins et ont aussi une signification géopolitique qui, je l'espère, n'échappe évidemment pas aux supporters inconditionnels du PSG !
Michaël Bar-Zvi Tet Hechvan 5773
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