Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères |
Dans cette chronique diffusée le 29 novembre, comment ne pas évoquer le vote sur l'admission de la "Palestine" à l'ONU comme Etat non-membre. La France, ce n'est pas vraiment une surprise, s'apprête à soutenir la motion comme l'a annoncé son ministre des Affaires Etrangères, sans que le texte de cette motion ne soit aujourd'hui connu. Néanmoins, Laurent Fabius a ajouté que la France voterait ce texte avec - je cite -: " lucidité et cohérence". La lucidité est une des caractéristiques qui ont fait la renommée de la politique française au Proche-Orient ces dernières décennies, depuis l'embargo de De Gaulle en 1967 jusqu'à la garde d'honneur à la dépouille de Yasser Arafat, en passant par l'hospitalité à Khomeyni et l'abandon des Chrétiens du Liban. La liste serait trop longue. A l'heure où les Etats arabes implosent sous la poussée des islamistes, où l'Egypte découvre la dictature des Frères musulmans, où la guerre civile en Syrie fait rage en atteignant les 40.000 morts, où le royaume hachémite de Jordanie est menacé par la montée de l'opposition intégriste, où Mahmoud Abbas a perdu toute légitimité au sein de son propre clan, comme on l'a vu lors des récents affrontements entre le Hamas et Israël, où l'Iran continue le développement de sa puissance nucléaire, la lucidité française c'est d'ouvrir un nouveau front au lieu d'encourager la négociation entre les partis. La lucidité ce serait de comprendre les raisons de la démarche de l'Autorité palestinienne: avoir un Etat sur le papier pour faire condamner Israël au Tribunal international de La Haye, obtenir une reconnaissance pour reprendre les violences sur le terrain, et surtout instrumentaliser cette reconnaissance pour ne pas renouer le dialogue avec Israël. Quant à la cohérence, le Quai d'Orsay en fait une nouvelle fois la preuve en soutenant une motion que la majorité des membres de l'Union européenne n'entend pas plébisciter, que les Etats-Unis considèrent comme dangereuse pour le processus de paix, qui est contraire aux accords d'Oslo, de Wye Plantation, d'Annapolis et aux propositions du quartet dont la France fait partie. La cohérence de la diplomatie française est celle d'un pays qui reconnait pas Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël, ni Est, ni Ouest d'ailleurs, celle d'une république qui accueille les pires tyrans à l'Elysée mais s'offusque de l'attitude du Premier ministre de la seule véritable démocratie de la région lorsqu'il entonne Am Israël Hay lors de la cérémonie à la mémoire d'enfants juifs assassinés sur son territoire. Enfin, pour conclure ce billet sur une note optimiste et rassurante, l'unique et triste cohérence de la France c'est qu'en fait il y a déjà bien longtemps qu'elle n'a plus de politique étrangère.
Michaël Bar-Zvi Tet Vav Kislev 5773
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