Lieberman n’est pas coupable


Avigdor Lieberman

Les sondages sont à la baisse pour le Likoud-Beitenou, l’alliance du Likoud et du parti Israël Beitenou,  et même sérieusement à la baisse. Après avoir commencé à 42 sièges dans les sondages au moment où Netanyahou appelait à de nouvelles élections, plus aucun sondage ne le donne au-dessus de 35 sièges. En fin de semaine dernière, certains l’ont même donné à 30 et des sondages privés non publiés le feraient passer sous la barre des 30 selon le journaliste politique d’Aroutz 10.

Mais le concurrent le plus sérieux du Likoud Beitenou n’est pas la gauche travailliste, qui ne récolte au maximum que 18 sièges et ne lui en prend guère, il s’agit bien du parti Habait Hayehoudi de Naftali Bennett, qui le menace sérieusement sur sa droite.
A en croire un éditorial publié par Marc Femsohn sur Guysen, l’alliance avec Lieberman expliquerait cette chute. En effet, l’auteur explique : "Le Foyer juif qui comptait jusqu’à présent trois députés, peut en espérer une quinzaine sous l’impulsion de Bennet qui recueille, bien entendu, l’immense majorité des suffrages des Juifs vivant en Judée-Samarie, mais aussi ceux qui, pour des raisons tant morales que religieuses, votaient jusqu’à présent pour le Likoud, mais ne peuvent se résoudre à donner leur voix à une liste sur laquelle figure en deuxième place, un Avigdor Lieberman, symbole de laïcité à la russe et, de surcroît, sous le coup d’une inculpation pour fraudes et abus de confiance."

Lieberman serait donc coupable …
On peut toutefois en douter sérieusement.




Bien au contraire, bien que rapidement niés par les intéressés, le bruit court depuis peu que Lieberman pourrait casser l’alliance avec le Likoud au lendemain des élections. Ce type de rumeurs est généralement révélateur d’une prise de conscience d’un problème : par son alliance avec Netanyahou, Lieberman –s’il n’est pas condamné et exclu par voie juridique - s’est assuré a priori le poste de ministre des affaires étrangères, tout en assurant celui de premier ministre à Netanyahou, mais sa popularité en a pris un coup. Non pas au sein du Likoud et parmi des électeurs "qui, pour des raisons tant morales que religieuses, votaient jusqu’à présent pour le Likoud, mais ne peuvent se résoudre à donner leur voix à une liste sur laquelle figure en deuxième place, un Avigdor Lieberman" (cité plus haut) mais parmi ceux qui ont voté pour lui en 2009.
En s’alliant à Netanyahou, Lieberman a perdu sa liberté de critique au sein du gouvernement. Une liberté qu’il s’octroyait volontiers auparavant et qui faisait de lui une autre voix à droite. En s’alliant à Netanyahou sur une liste et non, seulement dans une coalition, Lieberman a perdu toute la liberté de critique qu’il avait sur Netanyahou au début du mandat de 2009. Le Lieberman plus social, le Lieberman plus agressif face aux Haredim, le Lieberman plus ferme face au Hamas et face à Mahmoud Abbas, le Lieberman pour qui l’enrôlement des Arabes était à mettre sur le même plan que celui des Haredim dans une nouvelle loi Tal, ce Lieberman-là, qui avait tant plu à une partie des électeurs en 2009, n’a plus sa liberté de parole. Il est devenu partie intégrante du bilan gouvernemental. Il n’est plus le Lieberman que Netanyahou écartait au profit de Barak pour s’entretenir avec certains diplomates et hommes d’Etat étrangers.
En s’alliant à Netanyahou, Lieberman a poussé certains de ses électeurs qui voulaient une droite plus incisive que celle du Likoud, vers Habayit Hayehoudi, et éventuellement ceux qui placent les affaires laïques avant tout, vers Yaïr Lapid (à ceci près qu’ils auront bien du mal à voter pour un Lapid qui pourrait s’allier à Livni et surtout à Yechimovich).
Autre élément souvent oublié par les analystes : le sentiment d’échec ressenti par une population après le cessez-le-feu de Pilier de défense : "C’est pour ça qu’on a voté Lieberman ?" criait un habitant du sud, "Bibi loser" avaient écrit des soldats avec leurs corps sur une photo.
Lieberman étant Netanyahou, ceux qui veulent faire pression à droite sur le gouvernement, se tournent vers Habayit Hayehoudi.

Aussi, les campagnes répétées du Likoud contre Bennett ne mèneront à rien, elles apparaissent au contraire comme une campagne de gauche. Le seul point qui pourrait faire remonter le Likoud-Beitenou, est la conviction qu’aucune coalition de droite ne pourrait voir le jour si Netanyahou et Lieberman ne réunissent pas au moins 40 sièges. Naftali Bennett ne s’y est donc pas trompé, il a déclaré ces derniers jours, d’une part que le Likoud menait une campagne de gauche, et d’autre part a clairement indiqué hier, dans une conférence avec des étudiants de Kyriat Ono, que "Netanyahou veut bien faire mais qu’il faut l’accompagner pour être sur qu’il ne dévie pas de la bonne ligne", et qu’il recommanderait Netanyahou comme futur premier ministre et pourrait donc rejoindre le gouvernement.

Misha Uzan - JForum / Correspondant en Israël

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