Le dictateur syrien ne manque pas d'humour et il vient de nous le prouver une fois de plus en déclarant au début de la semaine à un journal libanais que le Prix Nobel de la paix, et pourquoi pas celui de la chimie, aurait dû lui être attribué et non l'organisation chargé du démantèlement des armes chimiques. Cette plaisanterie ne sera sans doute pas du goût des familles des victimes de la guerre qui déchire son pays depuis de nombreux mois. Cela dit, Yasser Arafat figurant sur la liste des lauréats, tout peut arriver un jour. Au lendemain du cuisant échec d'Obama et Hollande pour arrêter le bain de sang en Syrie, Assad a de plus en plus de bonnes raisons de sourire. En effet, celui que l'on disait au bord de la défaite il y a quelques mois a réussi à retourner en partie la situation et à reconquérir des sites stratégiques importants dans le pays. Le soutien de Poutine reste solide, même après la crise des armes chimiques, dont la conséquence sur le plan international a été le renforcement du président russe. Il y avait plusieurs décennies que les Russes n'avaient pas joui d'une telle influence au Proche-Orient. Par ailleurs, il est parvenu à briser l'unité, très illusoire, entre ses opposants. La présence des mouvements djihadistes au sein des rebelles apparait au grand jour et dissuade les puissances occidentales de soutenir militairement la révolte. Mais ce qui inquiète le plus aujourd'hui dans ce conflit c'est qu'il ne semble pas avoir d'issue politique et surtout qu'aucun camp n'est en mesure de l'emporter sur le terrain. Or ce qu'il y a de pire dans les guerres au Proche-Orient c'est justement lorsqu'il n'y a ni vainqueur ni vaincu, comme lors du conflit entre l'Iran et l'Irak. Chaque jour apporte son lot de victimes, et l'on a tantôt l'impression qu'un camp prend le dessus, et tantôt que c'est l'autre camp qui marque des points. Assad a bien compris qu'à ce jeu-là, sa patience était un atout important, tant que les armes et les munitions sont remplacées au fur et à mesure. Certes les soldats sont fatigués, mais Assad n'en manque pas et il peut compter sur le Hezbollah et l'Iran pour lui fournir des combattants. Cette situation a de quoi inquiéter Israël également, car la guerre civile en Syrie est devenue un immense champ de manœuvres, un terrain d'exercices et une école de formation pour les terroristes du Hezbollah. Encadrés par des officiers syriens et iraniens, ils se forgent au combat et à l'utilisation d'armes sophistiquées, tandis que l'état-major de Tsahal se voit obligé de limiter ses heures d'entraînement en raison des coupes budgétaires imposées par le gouvernement actuel pour faire face à la crise économique. Le 9 octobre dernier, l'armée de Bachar el Assad a lancé une offensive près de la bourgade de Khan Arnabe, qui est le verrou du plateau du Golan, côté syrien. D'ici quelques jours, cette opération redonnera à l'armée le contrôle de cette région et il est fort à craindre qu'une fois cette zone sous son contrôle, une provocation de sa part ou une attaque du Hezbollah entraîne Israël dans ce conflit, contre son gré. Un vieux proverbe chinois, ou peut-être pas chinois, dit que lorsqu'un tyran rit c'est aussi pour montrer ses dents..
Michaël Bar-Zvi Yod Guimel BeHechvan 5774
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