Dans la nuit de mardi à mercredi un des dirigeants du Hezbollah, Hassan al Laqqis a été abattu dans le parking de son immeuble. Responsable de l'armement et de la technologie au sein de l'organisation, ce dangereux terroriste porte la responsabilité de nombreux attentats, mais surtout il est l'homme qui a transformé le Hezbollah de simple milice en véritable armée utilisant des moyens sophistiqués, y compris les drones et les missiles de longue portée. La liquidation d'un chef du niveau de Laqquis est une preuve supplémentaire du glissement de la guerre civile syrienne vers le Liban. Les opposants au régime d'Assad ayant essuyé plusieurs revers importants sur le terrain, ils ont adopté une nouvelle stratégie, qui consiste à étendre le conflit au Liban, pays où les équilibres communautaires sont encore plus fragiles qu'en Syrie. Deux organisations sunnites inconnues ont revendiqué la responsabilité de la liquidation de Laqqis, mais le Hezbollah accuse Israël et l'Arabie saoudite d'être à l'initiative de cet acte. Le porte-parole du Hezbollah a affirmé à la télévision libanaise que cette opération était la preuve de l'étroite collaboration entre les services de renseignements israélien et saoudien dans la lutte contre l'Iran et son projet nucléaire. L'extension du conflit au Liban est confirmée par d'autres signes qui ne trompent pas, comme le rapatriement de 1500 combattants du Hezbollah de Syrie vers le Liban ces derniers jours, ou encore les mouvements de troupe sur la partie syrienne du Golan et les escarmouches avec des patrouilles de Tsahal. Par ailleurs, Israël a reconnu officiellement par la voix de son ministre de la Défense, qu'il apportait une aide humanitaire aux victimes de la guerre civile en Syrie.
Depuis la signature de l'accord avec Téhéran et ce qu'il faut bien appeler la victoire diplomatique de Rouhani, l'Arabie saoudite a, semble-t-il, décidé d'augmenter d'un cran sa guerre plus ou moins secrète contre l'Iran.
Pour les Etats du Golfe, le développement de l'arme nucléaire est une menace bien plus grave, que pour Israël, car ce dernier est sans aucun doute mieux armé pour faire face à tous les risques engendrés par cet accord malheureux.
La mort de Hassan al Laqqis ne peut pas rester sans réaction de la part du Hezbollah. Un missile a été lancé vers Israël hier soir, mais il est peu probable que cette attaque se répète, car le Hezbollah a subi de lourdes pertes en Syrie et n'est pas prêt, malgré les déclarations belliqueuses de Nasrallah, à un affrontement avec Israël. Les cibles saoudiennes ne sont pas nombreuses au Liban, d'autant que pour venger la mort de Laqqis le Hezbollah doit frapper un grand coup.
Mais où et comment ?
Il faut s'attendre au pire. Attaquer à nouveau les populations civiles sunnites de manière spectaculaire risque de ramener le dossier syrien sur le devant de la scène alors que plus personne n'en parle aujourd'hui. Il ne faudrait surtout pas déranger l'opinion occidentale entre Thanksgiving et Noël, car tout le monde sait qu'à cette période de l'année la seule vraie question c'est de choisir entre la dinde et le chapon…
Michaël Bar-Zvi Bet Be tevet 5774
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