Intervention de Pierre-Yves BOURNAZEL
Monsieur le Maire,
Pierre-Yves Bournazel |
Partout, dans un discours bien rodé avec votre première adjointe, vous vous défendez d’un ras-le-bol fiscal des parisiens : « nous avons maintenu Paris parmi les 100 premières villes les moins imposées »…Vous en parlez comme d’une prouesse, comme si cela méritait une médaille. Mais, soyons sérieux, il n’y a aucune pertinence dans cet argument !
Il faut cesser d’utiliser un argument qui n’est à peine une information. La capitale, compte tenu de ses ressources et de ses spécificités, fait heureusement partie des villes où le taux d’imposition locale est le moins élevé !
En revanche, vous oubliez simplement de dire que les Parisiens ont subi la plus forte hausse…+60% d’augmentation des taux d’imposition[1] !
Vous oubliez de comptabiliser la batterie d’augmentation de taxes, de tarifs et de redevances qui sont autant d’atteintes au pouvoir d’achat des Parisiens :
Taxe d’enlèvement des ordures ménagères : +18% entre 2001 et 2007 et encore une nouvelle augmentation en 2010 avec un taux qui passe de 5,75 à 6,21% ; Taxe de balayage +11% et, en 2012, encore un nouveau tarif qui fait exploser la facture : ainsi pour un habitant moyen du 18èmearrondissement, celle-ci a pu passer de 190 à 330 € (+74%)[2] ;
Taxe sur les spectacles : +5,25%
Tarifs des piscines : +10% ; Tarifs pour les courts de tennis : +14% ; tarifs des services de fossoyage +7,6% ; Tarifs de concession des cimetières : +23%...
Vous ponctionnez les Parisiens jusque dans la tombe !
Vous oubliez aussi que le coût de la vie pour les Parisiens est bien plus important que dans le reste de la France…et je ne parle pas du prix du logement qui est bien sûr sans commune mesure avec la province (47% plus cher qu’en province)! Je parle du quotidien, de ces dépenses vitales et inévitables qui sont plus élevées à Paris qu’ailleurs. Vous ne pouvez pas ignorer ces chiffres de l’INSEE : les dépenses de consommation sont 13% plus chères à Paris qu’ailleurs. Le café au comptoir, mais aussi les dépenses d’éducation, de santé, de transports. La carte Navigo a ainsi augmentéde 10,50 euros par mois en 3 ans pour les Parisiens passant de 56,50 euros à 67,10 avec la dernière augmentation au STIF !
C’est comme si ce coût de la vie vous ne l’intégriez pas dans votre réflexion budgétaire.
C’est là votre erreur et votre faute : vous nous dîtes que le taux d’imposition reste faible par rapport aux autres villes françaises, mais jamais les Parisiens n’ont subi de telles hausses d’impôts, de taxes et de tarifs qui semblent sans limite. Vous êtes déconnecté de la réalité du pouvoir d’achat des Parisiens, vous êtes déconnecté des classes moyennes qui subissent en silence, vous êtes déconnecté des jeunes couples qui quittent la capitale parce qu’ils ne voient plus leur avenir dans la capitale.
Vivre à Paris, c’est une chance, c’est la ville des opportunités et des rêves pleinsde promesses. Aujourd’hui, c’est du pouvoir d’achat en moins ! Les Parisiens qui aiment leur ville et qui en sont fiers se réveillent avec des promesses non tenues…où est la modération fiscale annoncée ?
Les Parisiens viennent d’avaler la pilule fiscale de François Hollande qu’ils ont du mal à digérer, Madame Hidalgo leur prépare un deuxième effet « kiss cool » avec un programme totalement déconnecté des perspectives financières auxquelles la Ville va être confrontée.
Au détour d’une interview, Monsieur le Maire vous concédez que « la pression fiscale qui s’exerce sur les Parisiens va toucher ses limites ». C’est un aveu qui vous honore, mais que ne semble pas entendre votre première adjointe candidate.
Les perspectives budgétaires de la Ville annonce une baisse importante des recettes (diminution des droits de mutation, diminution des dotations de l’Etat, diminution des cotisations sur la valeur ajoutée des entreprises), une augmentation importante de ces contributions au titre des différents fonds de péréquation, sans compter les pertes de recettes encore indéfinies liées au projet de loi sur la Métropole.
Les notes internes de la direction financière de la Ville et de Paris Métropole expliquent clairement la contraction des recettes que la municipalité devra assumer et les augmentations d’impôts qui s’appliqueront de fait si un programme sérieux d’économies des dépenses n’est pas mis en œuvre.
Or, que propose Madame Hidalgo ? Continuer cette logique de dépenses sans plan d’économies !
La responsabilité, c’est de dire que si la Ville n’opère pas un plan de gestion plus rigoureux de l’attribution des subventions, que si la Ville ne réduit pas davantage ses dépenses de fonctionnement et que si elle refuse de regarder en face son déficit de management et d’organisation de l’administration, il y aura inévitablement des augmentations d’impôts.
Toutes ces exigences, Madame Hidalgo ne veut pas les voir. Mais elle veut laisser croire. Les fausses promesses sur la non augmentation des impôts ne seront pas tenables. Les Parisiens savent compter – Et ils pourront compter sur une nouvelle majorité pour comprendre leur quotidien et alléger leurs charges.
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