Abou Mazen / Mahmoud Abbas |
Il est encore trop tôt pour établir un véritable bilan militaire, politique et humain de la dernière guerre, nommée dans une mauvaise traduction "bordure protectrice". Le coût humain et économique de cette opération est très élevé, même si la société israélienne a fait la preuve de sa solidité mentale et l'économie de sa capacité de résistance lors d'une crise évaluée à plus de 2 milliards d'Euros. Le sentiment qui prédomine en Israël, une semaine après le dernier cessez-le-feu, c'est qu'il ne s'agit là que d'un round supplémentaire de ce conflit, et que d'ici un "certain temps", difficile à estimer, les hostilités peuvent reprendre. Certes, le Hamas a subi de lourdes pertes et n'a rien obtenu au terme de 50 jours d'attaques contre Israël, néanmoins l'absence d'une alternative à son pouvoir à Gaza a empêché Israël de le détruire totalement. La véritable question, à laquelle je ne crois pas qu'il existe de réponse définitive à ce jour, est de savoir si une solution politique est possible. Or une telle option ne peut voir le jour qu'en relation avec l'Autorité palestinienne, dont tous les signes indiquent qu'elle ne se maintient en Judée-Samarie au pouvoir, que grâce au soutien militaire et économique d'Israël. Les belles âmes et les bons sentiments n'ont pas leur place au Proche-Orient, et les événements des dernières semaines en Irak, en Syrie et en Libye en sont la preuve indiscutable. On a beau clamer haut et fort qu'il faut deux Etats pour deux peuples, que trois maisons sur une colline de Samarie torpillent les efforts de paix, que l'Etat juif expulse des paysans palestiniens pour procéder à des fouilles archéologiques, que sais-je encore, cela ne rend pas le partenaire avec lequel on doit négocier plus fiable, plus apte à gérer les affaires et plus acceptable aux yeux de ses compatriotes. Soyons clair, Abou Mazen n'est pas en mesure de gouverner, il n'en n'a ni l'autorité, ni la légitimité, ni la réelle capacité. Livrée à elle-même, l'Autorité palestinienne serait rapidement renversée par des mouvements islamistes, Hamas ou Djihad islamique, et c'est bien la raison pour laquelle il n'y a pas eu d'élection en Judée-Samarie depuis des lustres. A chaque fois qu'une échéance électorale se profile, Abou Mazen, en bon fier-à-bras qu'il est, menace de démissionner si on ne le retient pas… Heureusement à chaque fois, de bons Samaritains, et quelques bon Judéens aussi l'aident à sauver la face. Pour autant, le dernier volet du conflit a laissé entrapparaître une lueur d'espoir pour Israël, car les pays arabes modérés comme l'Egypte, la Jordanie et même l'Arabie saoudite ont montré qu'ils pouvaient être des alliés objectifs dans la lutte contre le fondamentalisme des Frères musulmans et du Hamas. Israël devra s'efforcer, dans les semaines et mois qui viennent d'ouvrir encore un peu plus cette petite fenêtre, annonciatrice non pas d'une paix mais de l'instauration d'un climat de confiance et d'un faisceau d'intérêts communs. En parallèle, Abou Mazen devra bien choisir son camp, car, comme on dit en hébreu : "on ne peut pas danser à tous les mariages en même temps!"
Michaël Bar-Zvi Tet Be Ellul 5774
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