Comme on pouvait s'y attendre, le cessez-le-feu n'a pas duré et le Hamas a tiré à nouveau sur les villages du sud d'Israël. Sommes-nous à la veille d'un début de guerre d'usure ou bien s'agit-il d'un acte visant à rappeler aux négociateurs arabes qu'aucune des exigences du Hamas n'a été exaucée à ce jour? En Israël, Tsahal avait envisagé cette option, mais en estimant que le Hamas n'est pas en mesure de faire face à un nouvel affrontement. Le seul risque pour le gouvernement de Netanyahou est de voir à nouveau les habitants du sud contester sa politique sécuritaire, d'autant qu'avec le retour à un calme relatif sur le plan extérieur, le Premier ministre doit faire face à une opposition à l'intérieur même de sa coalition et de son propre parti. Comme on pouvait le prévoir, les critiques laissées de côté pendant la guerre, réapparaissent depuis quelques semaines. La démission du ministre de l'Intérieur, officiellement pour une pause de la vie politique est un coup très dur pour Netanyahou. En effet, Gideon Saar était arrivé premier aux élections internes du Likoud et il jouit d'une certaine popularité dans l'opinion publique. Sa démission fait suite à celle de Moshe Kahlon, ex-ministre de la communication, lui aussi populaire, à la veille des élections précédentes. Tout porte à croire que ces deux hommes vont se joindre à d'autres forces politiques pour défier Netanyahou. Par ailleurs, les sondages effectués au terme de l'opération "Bordure Protectrice" montre un net recul du Premier ministre qui, pourtant, bénéficiait d'un large soutien au début du conflit. Comment Netanyahou a-t-il gaspillé ce capital important d'appui à son action? Trois raisons essentielles : la première est le résultat de la manière dont les décisions sont prises au sein du cabinet, à savoir par un vote sur des questions dont seul lui décide lesquelles sont à l'ordre du jour, les ministres se sont sentis muselés tout au long de l'opération et ont accumulé les griefs à l'encontre du Premier ministre. La seconde est le manque de clarté sur l'avenir sécuritaire du sud du pays au terme d'un cessez-le-feu qui reste temporaire, même s'il n'y avait probablement pas d'autre alternative. L'opinion publique comprend la complexité des problèmes et surtout le manque total de fiabilité des acteurs en présence, mais elle a du mal à accepter l'absence d'horizon politique. La troisième raison est la volonté d'une majorité d'Israéliens, aussi bien à droite qu'à gauche, qui se sentent piégés par le système politique en vigueur, et qui comprennent qu'un changement en profondeur passera par une réforme profonde des institutions. Tant que cette réforme ne sera pas entreprise, les gouvernements se feront et se déferont au gré de coalitions à intérêts sectoriels. Face aux problèmes vitaux d'Israël, il est impensable et surtout intolérable que les décisions importantes, voire existentielles, sont prises en fonction de calculs purement politiciens. Il est fort à craindre que l'année 5775, qui vient à nous bientôt ne soit à nouveau marquée par des élections anticipées qui risquent de n'apporter que de nouvelles illusions si le système politique reste en place. C'est ce qu'il faut souhaiter à Israël pour ce nouvel an. Chana Tova le Koulam
Michaël Bar-Zvi Khaf Guimel be Eloul 5774
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