On vous dira : "nous dénonçons tous les extrémismes religieux : chrétiens, musulmans, juifs, hindous, etc".
Or, s'il est juste de dénoncer les extrémismes, tous les extrémismes, il faut d'abord noter que le terme même d' "extrémisme" est souvent employé à mauvais escient et révèle en vérité une subjectivité du propos.
Dans notre cas nous ne l'utilisons que pour dénoncer les mesures en question, qui nous paraissent effectivement "extrémistes" pour un esprit éclairé.
Il faut encore noter qu'il existe une différence de degrés, et souvent même de nature, entre les extrémistes eux-mêmes. Aussi les mettre tous dans le même sac, c'est manquer de nuance et de précision, de rigueur.
Pour ne citer qu'un exemple, il n'y a pas de Ben Laden dans toutes les religions.
Car Ben Laden veut conquérir toute la planète tout de suite, il veut la guerre ou la soumission à son islam partout et tout de suite. Dans le temps et dans l'espace.
Il n'existe pas d'équivalent par exemple dans le judaïsme. Les pires revendications qu'on puisse imaginer fondées sur la conception la plus extrémiste possible du judaïsme n'ont pas vocation à convertir, à tuer ou dominer l'ensemble de la planète. Ca n'existe tout simplement pas.
C'est une nuance importante à souligner.
De la même manière, le nouvel an a entraîné des réactions de la part de certains radicaux, mais avec des nuances très fortes, si bien qu'il s'agit ici de les distinguer et non de les assimiler.
En Israël, face à la montée des festivités pour Sylvester, le nouvel an - même si elles restent toutefois très limitées -, certains rabbins ultra-orthodoxes responsables des certificats de cacherout (traditions alimentaires juives) ont menacé de retirer ces dernières aux cafés et restaurants qui organiseraient des festivités pour la Saint Sylvestre. Le jour de l'an étant considéré à leurs yeux, comme aux yeux de nombreux Israéliens comme une fête chrétienne - ils estiment que ce ne serait pas "cacher" et retireraient donc leur certificat.
Cette position est discutable voire condamnable pour plusieurs raisons : parce que Sylvester n'est pas forcément une fête religieuse mais tout simplement un changement de numéro sur un calendrier, et parce que ces menaces sont une nouvelle pression sociale et économique de la minorité ultra-orthodoxe sur ceux qui ne se plient pas à leur rites exigeants. Néanmoins, rien n'empêche un café ou restaurant de se mettre le certificat où il pense et de ne pas en avoir. Nombreux sont ceux qui le font (sans doute une majorité) et aucune menace ne leur est faite.
On ne peut pas en dire autant en Tunisie.
En effet, sur sa page facebook, un prédicateur salafiste tunisien a émis une fatwa interdisant aux musulmans de célébrer les fêtes de fin d'année, voire d'échanger des voeux à l'occasion du Nouvel an. "Les décorations et les bûches sont permises pour les catholiques mais les musulmans ne doivent pas les vendre". Il a estimé que cette tradition chrétienne et occidentale était "haram" (un sacrilège), mais surtout a indiqué que pourrait se produire des attaques éventuelles de commerces ou de pâtisseries par ses partisans contre les musulmans qui fêtent le nouvel an. Le 31 décembre, des dépliants ont été distribués pour dissuader les Tunisiens de réveillonner, versets coraniques et hadiths (paroles de Mahomet) à l'appui.
En Israël aussi, certains ont dissuadé les Juifs de réveillonner, mais dans le cadre d'un débat démocratique, sans fatwa, sans menace.
Et quand il y a eu menace, ce fut de retirer un certificat : c'est radical en effet et on peut légitimement combattre la pression ultra-orthodoxe en Israël sur les cafés, les restaurants, et les bus, mais ça n'a aucune mesure avec l'extrémisme salafiste qui menace de s'en prendre physiquement aux gens.
Tous les extrémismes ne se valent pas.
Misha Uzan
pour Francis-info.blogspot.com.
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