Mais le moins qu’on puisse dire c’est que ceux qui ont voté pour lui, n’attendaient pas ce qui s’est produit mardi soir, l’annonce du premier accord de coalition avec … Tsipi Livni.
Voilà que celle qui l’a le plus critiqué, ou plutôt celle dont la campagne toute entière n’a été que la critique de son gouvernement et de sa personne, est la première à rejoindre le gouvernement et à hériter du poste de ministre de la justice.
Celle qui disait avant les élections qu’elle quitterait la politique si elle n’obtenait au moins 10 mandats, se retrouve ministre de la justice de Netanyahou, alors même que son score était encore plus bas que prévu, avec seulement 6 mandats. Livni ne représente pas plus que Meretz sur la carte politique israélienne.
Et pourtant ! Tzipi Livni a été nommée ministre de la Justice et a reçu l’autorisation de mener des négociations diplomatiques au nom du Premier ministre. L’accord s’est fait après 10 jours de négociations et de nombreuses réunions secrètes entre Hatnuah de Tzipi Livni et le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu.
Netanyahou semble donc prendre le contre-pied de la volonté des électeurs qui ont porté dans les trois premières places (en dehors du parti travailliste qui constitue l’opposé du Likoud et son rival, et qui a donc perdu) des partis à l’idéologie proche : le Likoud-Beitenou, Yesh Atid et Habayit Hayehoudi.
L’interrogation se portait à l’origine sur l’entente entre Bennett et Lapid, mais les deux hommes semblent être devenus les meilleurs amis du monde et c’est au contraire avec Netanyahou et le Likoud que les choses ne passent pas.
Des responsables du Likoud se sont même permis d’attaquer une fois de plus Bennett en avançant que "le président d’Habayit Hayehudi Naftali Bennett a eu l’occasion d’être le premier à signer [un accord de coalition], mais il l’a raté".
Et Livni, qui semblait être la plus réticente à un accord (avec Yachimovich sans doute), a déclaré à présent : "l’Etat d’Israël a besoin d’un gouvernement d’unité nationale et notre large accord est la première étape dans cette direction." Et de son côté, Netanyahou a dit ; "Le pays est confronté à d’énormes défis, dont certains sont sans précédent". […] "Les menaces d’Iran, de Syrie et du Hezbollah ne nous arrêtent pas un instant. Pour faire face à ces menaces, nous avons besoin d’un gouvernement de large et stable qui unit les gens. […] Nous devons faire tous les efforts pour faire avancer un processus de paix avec les Palestiniens responsables".
Livni a déclaré également qu’elle et Netanyahu ont convenu de mettre les divergences du passé derrière eux. "Nous avons eu de longues discussions et nous sommes parvenus à des ententes", a déclaré Livni.
Et concernant les accusations de trahison d’une pensée idéologique, Livni a déclaré mercredi à la radio militaire qu’elle n’avait pas trahi ses électeurs : "J’ai dit pendant la campagne que les politiques du gouvernement au cours des quatre dernières années étaient en tort, que je me battrais pour promouvoir le processus de paix et que le fait de décider ou non de faire partie du gouvernement sera basé sur ma compréhension de l’endroit où je pourrais mieux promouvoir le processus de paix, et c’est ce que j’ai fait".
Selon l’accord de coalition, Hatnuah recevra également le portefeuille de protection de l’environnement. Amir Peretz, qui a rencontré Netanyahu à Jérusalem vendredi, pourrait obtenir ce poste ministériel, alors même que Peretz n’est que numéro 3 du parti, sautant ainsi Amram Mitzna le numéro 2.
L’accord stipule également qu’une équipe de ministres, dirigée par Netanyahu, gèrera le processus de paix. En plus de Netanyahou, l’équipe comprendra le ministre de la Justice (Livni), le ministre de la Défense (?) et le ministre des Affaires étrangères.
Moshe Boogie Ya’alon (Likoud) pourrait hériter du portefeuille de la Défense.
Mais dans les prochains jours, des discussions devraient se poursuivre avec Shaul Mofaz de Kadima (2 mandats), Shass (11 mandats) et Yaadout Hatorah (7 mandats).
Ce qui porterait la coalition à 57 mandats. Netanyahou s’adresserait alors au parti travailliste et à Naftali Bennett.
Côté travailliste, le numéro 2 du parti Yitzhak Herzog a déjà prévenu que les chances que son parti rejoigne la coalition étaient très minces, mais Aryeh Deri à la tête de Shass aurait déjà rencontré Ofer Eini, chef de la Histadrout, pour le convaincre de rallier le parti travailliste à la coalition.
L’autre solution pour Netanyahou consiste à confier la préparation de l’ébauche d’une loi sur la conscription qui soit compatible avec le programme de Naftali Bennett pour lui mettre la pression et l’accuser de faire courir un risque au pays en refusant. Mais Bennett a déjà prévenu qu’il ne lâcherait pas Yaïr Lapid avec qui il a conclu un accord et a trouvé une ligne de défense.
Les partis de gauche, qui n’ont pas l’habitude de saluer la politique de Binyamin Netanyahou ont surtout critiqué la décision de Tsipi Livni, mais ce qui semble le plus démontrer l’absurdité du système politique israélien est que Netanyahou semble mettre en place une coalition qui l’exacte contraire du choix des électeurs et sympathisants traditionnels du Likoud – Beitenou.
Les primaires du Likoud ont désigné une liste dite plus à droite et les électeurs ont fait savoir clairement qu’ils voulaient Bennett aux côté de Netanyahou et pas Livni. Quant à Lapid, ses électeurs ne sont pas non plus très éloignés idéologiquement du Likoud, mais leur vote a mis en avant la conscription pour tous et l’importance de ne pas laisser l’Etat d’Israël à la merci des partis ultra-orthodoxes.
Le choix de Netanyahou semble également mettre en avant les questions de diplomatie et de politique étrangère, alors que le vote, pour une fois, et tous l’ont salué, s’est exprimé sur des questions sociales et intérieures.
Le Likoud-Beitenou, Habayit Hayehudi et Yesh Atid disposaient ensemble d’une majorité simple de 62 mandats, mais il semble que Netanyahou lui préfère une coalition complexe avec plus de partis.
C’est à droite et au centre-droit qu’on s’interroge : pourquoi tant insister pour maintenir les haredim dans la coalition alors qu’ils sont chaque jour accusés de faire reculer le pays ou de le maintenir dans l’immobilisme ? Pourquoi faire alliance avec Livni qui a déjà eu sa chance avec Abbas ? Et pourquoi ne pas respecter le choix de la ligne idéologique des électeurs ?
Le député Likoud Moshe Feiglin, rival de Netanyahou au sein du Likoud et qui ne plaît pas nécessairement à tout le monde, au Likoud comme ailleurs, a néanmoins résumé une impression générale parmi les électeurs de droite et de centre-droit en déclarant : "j’espère que le Likoud fera partie de la coalition de Bibi".
Mais on ne peut s’empêcher de se demander si cette coalition est bien celle que veut Bibi, ou s’il ne s’agit plutôt de celle que veut Barack Obama … le premier ministre d’Israël n’est-ce pas !
Misha Uzan - JForum / Correspondant spécial en Israël
Voilà que celle qui l’a le plus critiqué, ou plutôt celle dont la campagne toute entière n’a été que la critique de son gouvernement et de sa personne, est la première à rejoindre le gouvernement et à hériter du poste de ministre de la justice.
Celle qui disait avant les élections qu’elle quitterait la politique si elle n’obtenait au moins 10 mandats, se retrouve ministre de la justice de Netanyahou, alors même que son score était encore plus bas que prévu, avec seulement 6 mandats. Livni ne représente pas plus que Meretz sur la carte politique israélienne.
Et pourtant ! Tzipi Livni a été nommée ministre de la Justice et a reçu l’autorisation de mener des négociations diplomatiques au nom du Premier ministre. L’accord s’est fait après 10 jours de négociations et de nombreuses réunions secrètes entre Hatnuah de Tzipi Livni et le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu.
Netanyahou semble donc prendre le contre-pied de la volonté des électeurs qui ont porté dans les trois premières places (en dehors du parti travailliste qui constitue l’opposé du Likoud et son rival, et qui a donc perdu) des partis à l’idéologie proche : le Likoud-Beitenou, Yesh Atid et Habayit Hayehoudi.
L’interrogation se portait à l’origine sur l’entente entre Bennett et Lapid, mais les deux hommes semblent être devenus les meilleurs amis du monde et c’est au contraire avec Netanyahou et le Likoud que les choses ne passent pas.
Des responsables du Likoud se sont même permis d’attaquer une fois de plus Bennett en avançant que "le président d’Habayit Hayehudi Naftali Bennett a eu l’occasion d’être le premier à signer [un accord de coalition], mais il l’a raté".
Et Livni, qui semblait être la plus réticente à un accord (avec Yachimovich sans doute), a déclaré à présent : "l’Etat d’Israël a besoin d’un gouvernement d’unité nationale et notre large accord est la première étape dans cette direction." Et de son côté, Netanyahou a dit ; "Le pays est confronté à d’énormes défis, dont certains sont sans précédent". […] "Les menaces d’Iran, de Syrie et du Hezbollah ne nous arrêtent pas un instant. Pour faire face à ces menaces, nous avons besoin d’un gouvernement de large et stable qui unit les gens. […] Nous devons faire tous les efforts pour faire avancer un processus de paix avec les Palestiniens responsables".
Livni a déclaré également qu’elle et Netanyahu ont convenu de mettre les divergences du passé derrière eux. "Nous avons eu de longues discussions et nous sommes parvenus à des ententes", a déclaré Livni.
Et concernant les accusations de trahison d’une pensée idéologique, Livni a déclaré mercredi à la radio militaire qu’elle n’avait pas trahi ses électeurs : "J’ai dit pendant la campagne que les politiques du gouvernement au cours des quatre dernières années étaient en tort, que je me battrais pour promouvoir le processus de paix et que le fait de décider ou non de faire partie du gouvernement sera basé sur ma compréhension de l’endroit où je pourrais mieux promouvoir le processus de paix, et c’est ce que j’ai fait".
Selon l’accord de coalition, Hatnuah recevra également le portefeuille de protection de l’environnement. Amir Peretz, qui a rencontré Netanyahu à Jérusalem vendredi, pourrait obtenir ce poste ministériel, alors même que Peretz n’est que numéro 3 du parti, sautant ainsi Amram Mitzna le numéro 2.
L’accord stipule également qu’une équipe de ministres, dirigée par Netanyahu, gèrera le processus de paix. En plus de Netanyahou, l’équipe comprendra le ministre de la Justice (Livni), le ministre de la Défense (?) et le ministre des Affaires étrangères.
Moshe Boogie Ya’alon (Likoud) pourrait hériter du portefeuille de la Défense.
Mais dans les prochains jours, des discussions devraient se poursuivre avec Shaul Mofaz de Kadima (2 mandats), Shass (11 mandats) et Yaadout Hatorah (7 mandats).
Ce qui porterait la coalition à 57 mandats. Netanyahou s’adresserait alors au parti travailliste et à Naftali Bennett.
Côté travailliste, le numéro 2 du parti Yitzhak Herzog a déjà prévenu que les chances que son parti rejoigne la coalition étaient très minces, mais Aryeh Deri à la tête de Shass aurait déjà rencontré Ofer Eini, chef de la Histadrout, pour le convaincre de rallier le parti travailliste à la coalition.
L’autre solution pour Netanyahou consiste à confier la préparation de l’ébauche d’une loi sur la conscription qui soit compatible avec le programme de Naftali Bennett pour lui mettre la pression et l’accuser de faire courir un risque au pays en refusant. Mais Bennett a déjà prévenu qu’il ne lâcherait pas Yaïr Lapid avec qui il a conclu un accord et a trouvé une ligne de défense.
Les partis de gauche, qui n’ont pas l’habitude de saluer la politique de Binyamin Netanyahou ont surtout critiqué la décision de Tsipi Livni, mais ce qui semble le plus démontrer l’absurdité du système politique israélien est que Netanyahou semble mettre en place une coalition qui l’exacte contraire du choix des électeurs et sympathisants traditionnels du Likoud – Beitenou.
Les primaires du Likoud ont désigné une liste dite plus à droite et les électeurs ont fait savoir clairement qu’ils voulaient Bennett aux côté de Netanyahou et pas Livni. Quant à Lapid, ses électeurs ne sont pas non plus très éloignés idéologiquement du Likoud, mais leur vote a mis en avant la conscription pour tous et l’importance de ne pas laisser l’Etat d’Israël à la merci des partis ultra-orthodoxes.
Le choix de Netanyahou semble également mettre en avant les questions de diplomatie et de politique étrangère, alors que le vote, pour une fois, et tous l’ont salué, s’est exprimé sur des questions sociales et intérieures.
Le Likoud-Beitenou, Habayit Hayehudi et Yesh Atid disposaient ensemble d’une majorité simple de 62 mandats, mais il semble que Netanyahou lui préfère une coalition complexe avec plus de partis.
C’est à droite et au centre-droit qu’on s’interroge : pourquoi tant insister pour maintenir les haredim dans la coalition alors qu’ils sont chaque jour accusés de faire reculer le pays ou de le maintenir dans l’immobilisme ? Pourquoi faire alliance avec Livni qui a déjà eu sa chance avec Abbas ? Et pourquoi ne pas respecter le choix de la ligne idéologique des électeurs ?
Le député Likoud Moshe Feiglin, rival de Netanyahou au sein du Likoud et qui ne plaît pas nécessairement à tout le monde, au Likoud comme ailleurs, a néanmoins résumé une impression générale parmi les électeurs de droite et de centre-droit en déclarant : "j’espère que le Likoud fera partie de la coalition de Bibi".
Mais on ne peut s’empêcher de se demander si cette coalition est bien celle que veut Bibi, ou s’il ne s’agit plutôt de celle que veut Barack Obama … le premier ministre d’Israël n’est-ce pas !
Misha Uzan - JForum / Correspondant spécial en Israël
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