Après plusieurs semaines de pression sur le gouvernement israélien et l'Autorité palestinienne, le secrétaire d'Etat américain a réussi à obtenir une reprise des négociations entre les protagonistes. Faut-il se réjouir ou s'inquiéter de la relance d'un processus de paix interrompu depuis quelques années? La délégation israélienne, dirigée par Tzippi Livni et la délégation palestinienne sous la conduite de Saib Arikat ont établi un calendrier de neuf mois pour parvenir à un accord et fixé une première rencontre dans deux semaines à Jérusalem, puis à Ramallah. Selon certains commentateurs, Netanyahou aurait donné son accord pour la reprise et la libération des prisonniers en échange d'un aval des Etats-Unis pour une attaque en Iran. Cette thèse ne peut évidemment pas obtenir la moindre confirmation sauf une preuve matérielle sur le terrain dans les semaines à venir. En revanche, il est clair que les Palestiniens vont devoir renoncer aux parades habituelles dans les forums internationaux, et en particulier à l'ONU. Le passé a montré que l'unique chance de réussite d'une telle négociation est la discrétion, voire le secret absolu sur le contenu des questions abordées autour de la table. Il ne suffit pas de sourire devant les caméras et de se faire des courbettes pour aboutir à un accord. Or à ce jour, les deux parties ne sont pas arrivés à fixer l'ordre du jour des débats, ou l'objectif final des négociations, à savoir un accord partiel, un traité de paix et une fin du conflit, le niveau des relations diplomatiques au terme de la négociation, la reconnaissance de la nature juive de l'Etat, le statut de Jérusalem. Il est de bon ton de présenter Abou Mazen comme le meilleur partenaire possible pour arriver à la paix, mais cet homme, détenteur d'un doctorat d'une université russe dans lequel il développe des thèses négationnistes considérées en France comme un délit, est-il en mesure de faire accepter aux Palestiniens des concessions majeures, alors qu'il n'a pas le contrôle sur la majorité de la population des territoires contestés? Plus de 60% des Palestiniens vivent sous le régime du Hamas, et même en Judée-Samarie, il est loin de faire l'unanimité. L'exigence d'une libération préalable de terroristes n'est pas, non plus, de bon augure. Le gouvernement israélien a-t-il pris une fois de plus une décision courageuse ou encouragé ses ennemis à la violence? Abou Mazen peut-il, en effet, grâce à ce geste de bonne volonté, prouver son efficacité à ses adversaires du Hamas en obtenant une libération sans échange d'otages ? On le sait, au Proche-Orient le symbolique est important, mais malheureusement l'avenir de la négociation se jouera sur l'essence même du conflit et non sur des marques de sympathie ou d'amitié. Il ne s'agit pas de savoir si nous pouvons boire du thé à la menthe avec nos voisins mais d'être sûr que leurs intérêts coïncident avec les nôtres et que nous sommes en mesure de vivre ensemble autour des mêmes valeurs.
Michaël Bar-Zvi Kaf He be Av 5773
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