Le Marek Halter romancier
Marek Halter est sans conteste un grand auteur et un grand intellectuel. Il
est surtout grand romancier. Les trois tomes de La Bible au féminin, Le
Vent des Khazars ou encore Le Messie, ont de quoi plaire. Bien
romancés, bien écrits, ils captivent surtout par le thème historique qu'ils
abordent et le point de vue original qu'ils prennent.
Ce Marek Halter là est un auteur recommandé, agréable à lire et
intéressant.
Le Marek Halter intellectuel
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Marek Halter |
Marek Halter est aussi un intellectuel. Auteur de nombreux articles, à
l'origine de nombreuses conférences de presse, événements, rencontres, il est
l'auteur du Fou et des Rois, son premier livre, en 1971. Il y exprime un
certain nombre d'opinions, son histoire, son combat pour la liberté, la forme
qu'il prend, ses actions, ses méthodes. Faites-le! est un peu dans cette
lignée. Marek Halter semble vouloir boucler la boucle avec, plus de quarante
ans plus tard, un autre livre destiné simplement à se raconter, à s'expliquer,
à motiver. C'est un livre d'intellectuel. Soyons clair, ce Marek Halter-là est
moins convaincant et moins passionnant. Si son combat pour la démocratie et la
liberté est admirable, les formes qu'il prend ne le sont pas toujours.
Discutable, contestable, Marek tombe parfois dans des généralités un peu
banales et naïves. C'est le cas dans Le Fou et les Rois, ça l'est plus
encore dans Faites-le ! Dans ses romans au contraire, le ton est plus
ironique et, lorsqu'il choisit comme narrateur un alter-ego, il a tendance à se
moquer un peu de sa propre naïveté. C'est plus crédible. L'homme a au moins le
mérite de le reconnaître, tout comme il a le mérite dans le livre, de
reconnaître ses erreurs et des choix qu'il estime avoir été très contestables.
Il maintient toutefois sa philosophie du dialogue en absolu qu'il développe
pendant toute la première partie du livre. Prêt à discuter avec les plus grands
salauds de la planète – il en a effectivement rencontré un certain nombre –
parce qu'il pense qu'il faut toujours passer par le dialogue, il n'est pas
garanti que sa méthode soit nécessairement meilleure que d'autre. Pire encore,
rien ne prouve qu'elle n'a pas amené à légitimer des hommes ou des mouvements
terroristes, dictatoriaux, tyranniques en les laissant pénétrer un monde qu'ils
ont décidé de détruire. Car le fait de parler avec ce monde ne signifie pas
qu'ils ont renoncé à le détruire. Il est étonnant à la lecture de ce livre de
constater que Marek Halter n'a pas tenté d'organiser une rencontre avec Bachar
el Assad, pour parler des massacres, ou avec les chefs d'Al Qaïda pour discuter
de leur théorie du Djihad partout et immédiat. Marek Halter n'a pas hésité
néanmoins à rencontrer les chefs du Hamas ou d'autres organisations tyranniques
à travers le monde. La justification de cette forme de combat est sans doute la
partie la moins bonne du livre.
Le Marek Halter raconteur d'histoires
Elle n'est toutefois pas la seule. Et il faut bien le dire, depuis sa
jeunesse, qu'il nous conte, avec des voyous d'ex-républiques soviétiques à qui
il racontait des histoires, Marek Halter est doué pour cela. C'est sans aucun
doute ce qu'il fait de mieux. Et en effet tous les témoignages qu'il nous
donne, ou répète, sur le pape, Golda Méïr, Sarkozy, son autre lui ou l'autre Marek
Halter polonais, avec Spielberg ou François Mitterrand, font qu'on poursuit
néanmoins la lecture de l'ouvrage. On a rarement toutefois de livre, où, si
l'on permet l'expression populaire, on passe autant du coq à l'âne. Marek
Halter nous livre en effet une biographie passionnée et engagée dans laquelle
il passe d'une ligne à l'autre de la violence dans les banlieues au conflit
israélo-arabe en passant par SOS racisme, les OGM, le nucléaire iranien ou la
façon dont nous devrions nous lancer pour monter notre business, notre
association ou sait-on, nous lancer pour avouer notre amour peut-être.
Au fond, le thème du livre, Faites-le !, qui aurait pu s'appeler tout
aussi bien Osez!, qui consiste à nous encourager à faire ce que l'on
veut faire, à se lancer, semble n'être qu'une excuse au livre. Marek Halter
voulait se raconter, simplement, comme dans Le Fou et les Rois. Tel un
bloggeur qui raconte sa vie, on a dû le convaincre que sa vie à lui valait plus
qu'un blog, et valait bien un deuxième livre, quarante ans plus tard. On a dû
le convaincre aussi que ses opinions valaient le coup d'être émises, diffusées,
écrites. Dans les deux cas, c'est parfois vrai, ça ne l'est pas toujours. Mais
c'est Marek Halter …
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