Gabriel Sigmar, ministre allemand des Affaires étrangères |
Le
Premier ministre israélien a annulé sa rencontre avec le ministre
allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel en visite en Israël. La
presse en Europe a évidemment sauté sur cette occasion pour critiquer
l’attitude non diplomatique du Président du Conseil israélien, en ne
présentant que partiellement ce contentieux. La raison première du refus
de Netanyahou est le rejet du protocole diplomatique par le ministre
allemand, connu pour ses provocations et ses effets de manche lors de
ses visites à l’étranger.
Lorsqu’un ministre se rend dans un autre pays,
son emploi du temps doit être validé par l’Etat qui le reçoit. Or
Sigmar Gabriel, après avoir à plusieurs reprises accusé Israël de
pratiquer l’apartheid, avait décidé de rencontrer non seulement les
représentants de l’opposition israélienne à la Knesset, ce qui est tout à
fait normal, mais des associations militantes d’extrême gauche.
Ce que
la presse européenne a omis de dire c’est que Sigmar Gabriel a refusé de
rencontrer des associations de familles victimes du terrorisme et de
représentants des implantations qui souhaitaient également le rencontrer
pour lui expliquer leurs positions. Mais au-delà du débat sur la
volonté de cet homme politique en fin de carrière de provoquer un
esclandre ou une crise diplomatique, la question qui se pose, à la
veille du Yom Hatsmaout en Israël, est de savoir si Monsieur Gabriel
aurait agi de la sorte avec une grande puissance, ou un autre Etat
européen ? Serait-il allé en Russie rencontré des manifestants contre
Poutine, ou même des militants contestataires aux Etats-Unis. Si
Netanyahou l’avait reçu il aurait été dans l’obligation de le
réprimander, ou de le congédier en quelques minutes. L’indépendance, la
souveraineté, l’exercice d’un pouvoir légitime supposent des règles dont
la première est la dignité de la fonction.
En 1964 le Pape Paul VI
s’était rendu en Israël après une visite en Jordanie, mais il avait
refusé de rencontrer le Premier ministre israélien Lévy Eshkol à
Jérusalem, et celui-ci avait accepté de le recevoir à Megido. A l’époque
cette décision avait été vivement critiquée par l’opinion publique en
Israël. Les temps ont changé et même la diplomatie allemande, avec
laquelle Israël entretient d’excellentes relations, doit comprendre que
l’Etat juif n’est pas une république de bananes.
Il semble d’ailleurs
qu’Angela Merkel n’a pas vraiment apprécié l’attitude de son ministre,
car son porte-parole a immédiatement déclaré que cet incident ne
porterait nullement atteinte aux relations bilatérales, et notamment aux
divers programmes de coopération militaire et économique. Personne en
Israël n’ignore que de nombreuses organisations anti-gouvernementales en
Israël reçoivent un soutien financier massif de l’Union européenne et
que de nombreuses associations allemandes servent de courroie de
transmission dans ces activités. Israël, en tant qu’Etat démocratique
respectant la liberté de conscience et d’expression, ne s’oppose pas à
ces soutiens tant qu’il ne s’agit pas d’une aide au terrorisme ou au
boycott.
Pourquoi le ministre allemand a-t-il ressenti le besoin de
manifester par sa présence un soutien, sinon pour renforcer la campagne
internationale de délégitimation d’Israël mise en place par l’Autorité
palestinienne ces dernières années ? Mais l’autre question c’est
pourquoi les associations israéliennes anti-gouvernementales, qui
reçoivent la quasi-totalité de leur budget de l’étranger ont besoin de
faire des selfies avec Sigmar Gabriel ? Celui-ci connaît bien Israël et
les territoires sous contrôle palestinien et ses représentants
l’informent en permanence de la situation. Pourquoi ne pas aller en
Turquie Mr Gabriel pour rencontrer les opposants d’Erdogan ?
Michaël Bar-Zvi
27 avril 2017
Aleph Be Yaar 5777
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