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Israël : quel accueil pour Barack Obama?


Depuis plus de quatre ans maintenant, on ne peut pas dire que Barack Obama jouisse d’une grande popularité en Israël. Son passé contestable comme sa politique envers Israël et ses mots durs et répétés à l’encontre non seulement du premier ministre israélien, mais surtout des Israéliens eux-mêmes, qui ne connaîtraient pas selon lui, leur propre intérêt, ont nourri une méfiance des Israéliens envers ses intentions.


On ne peut pas dire néanmoins que les Israéliens lui en aient véritablement tenu rigueur.
Depuis deux jours, Israël a vécu à l’heure d’Obama. Enfin, le moment dont les médias parlaient tant depuis trois semaines, est arrivé. Israël a ouvert le tapis rouge à Obama et l’a accueilli avec un faste auquel aucun autre dirigeant dans le monde n’a eu et n’aura droit. Tous les ministres étaient présents pour l’accueillir et il a dit un mot à chacun. Tous les dignitaires religieux de toutes les confessions représentées en Israël étaient là eux aussi, et les médias télévisés ont arrêté leur programme pour suivre sa visite tout en saluant "le président des Etats-Unis le plus cool" (Aroutz 2), admirant son esprit détendu lorsqu’il a tombé la veste, ou lorsqu’il a choisi de franchir la ligne rouge tracée par ses gardes du corps. Des rues de Jérusalem étaient fermées et les hiérosolomytains lui ont fait de la place, si bien que les embouteillages quotidiens n’ont pas eu lieu cette fois.

L’accueil fut chaleureux en Israël, malgré la mauvaise réputation d’Obama en Israël et malgré la polémique autour des étudiants d’Ariel, qui n’ont pas été acceptés dans la salle de rencontre entre Obama et des étudiants israéliens où le président américain a prononcé son discours. Aucune manifestation de grande ampleur n’a eu lieu par ailleurs.

Arrivé hier matin, Barack Obama est reparti ce matin (avant de revenir dans l’après-midi) pour Ramallah, dans les territoires qui depuis Oslo, ne sont plus du tout sous le contrôle d’Israël (pas dans la zone A). "Si on sait ce qu’Obama et Netanyahou peuvent se dire, commentait un journaliste de la télévision israélienne, que vont se dire Obama et Abou Mazen pendant trois heures à Ramallah ?"

Ils auront pourtant de quoi parler, car on ne peut pas dire qu’Obama ait été accueilli de la même manière par les Arabes de Cisjordanie. Il semble en effet que les gestes répétés de Barack Obama envers les pays arabes et ce qu’on nomme le monde musulman ne leur suffisent pas.
Pour commencer, juste avant son arrivée, le journal Al-Hayat Al-Jadid, lié à l’AP de Mahmoud Abbas, a choisi de publier une tribune de Hassan Ouda Abu Zaher, pro-Hitler et anti-américaine. Selon lui, le 11 septembre n’a pas été fait par des musulmans mais par les Américains eux-mêmes, Churchill et Roosevelt étaient des alcooliques alors qu’Hitler ne l’était pas et le nazisme n’est perçu négativement que du fait de la victoire des Alliés, autrement cela serait un "honneur".

Puis, ce matin, après l’arrivée de Barack Obama en Israël, les groupes terroristes de la bande de Gaza, où Barack Obama ne mettra évidemment pas les pieds, ont tenu à se faire remarquer. Aussi, comme il y a trois semaines, ils ont envoyé plusieurs roquettes sur le sud d’Israël, quatre exactement. L’une d’entre elle a touché une maison, sans faire de blessé. Heureusement ! Car, que se serait-il passé s’il y avait eu un mort ou un blessé ? Qu’aurait dit Obama, qu’aurait fait Obama ? Rien probablement. Tout comme il ne dit rien aujourd’hui, tout comme il n’a rien dit il y a trois semaines.

La "communauté internationale" s’est "inquiétée" il y a trois semaines du tir de roquette par les Brigades des martyrs d’Al Aqsa, la branche armée du parti de l’homme que Barack Obama a rencontré ce matin, Mahmoud Abbas, le "modéré" Abbas. La "communauté internationale" devrait encore s’inquiéter, c’est sûr. Mais elle devrait être rassurée, Israël ne fera sans doute encore rien. S’il y avait eu un mort, c’est dur à dire, mais il serait malheureusement mort pour rien. Il ne serait pas mort pour son pays, car son pays ne l’aurait pas défendu, n’aurait pas réagi.

Non, le gouvernement ne fera rien car ce ne sont que quelques roquettes … Le gouvernement ne fera rien car agir serait servir "l’escalade de la violence". Mieux vaut donc faire comme s’il ne s’était rien passé.

C’est mieux pour tout le monde, pour Obama, pour Netanyahou, pour le gouvernement, pour les Israéliens qui ne veulent pas reparti au combat, pour Abbas, pour Gaza, pour la "communauté internationale". C’est vraiment mieux pour tout le monde. Tant pis pour cet habitant de Sdérot dont la maison est en partie détruite … il y a les assurances … et puis les Juifs ont de l’argent … surtout à Sderot !!!

Et puis le Hamas a nié avoir envoyé des roquettes. Si bien que, si c’est vrai, cela montre encore une fois qu’il ne contrôle pas totalement les dizaines de groupuscules terroristes qui pullulent dans la bande de Gaza.

Nous pouvons donc être rassurés sur le futur des roquettes depuis la bande de Gaza. La situation était incertaine lors de la signature du cessez-le-feu en novembre, elles sont plus claires aujourd’hui. La situation restera comme telle pour encore deux, trois ou quatre ans. Les tirs seront sporadiques, mais existeront, le temps de regonfler les stocks, puis lorsqu’ils seront suffisants, ils augmenteront, doucement, jusqu’à ce qu’une autre opération ait lieu et qu’elle se termine à peu près comme la dernière, en 2012, et comme celle d’avant, en 2008.

Ce ne sont pas de grandes questions de politique internationale, il s’agit simplement du quotidien de quelques milliers d’Israéliens à Sderot ou à Ashkelon. Donc rien qui puisse vraiment intéresser Obama et faire bouger les lignes.



Autre question : Obama en tiendra-t-il rigueur au mouvement arabo-palestiniste ? Sans doute pas. Il n’en a pas tenu rigueur aux manifestants qui, depuis hier à Ramallah, ont brûlé le drapeau américain. Obama vient de déclarer que les "Palestiniens méritaient un Etat" mais a demandé à Mahmoud Abbas de renoncer à ses conditions pour reprendre les pourparlers. C’est à peu près tout.
Que les pourparlers reprennent on non, on ne voit pas vraiment ce qui pourrait changer aujourd’hui, ce qui n’a pas fonctionné hier mais qui fonctionnerait à présent.
L’Histoire se répète mais ne se ressemble pas, dit le dicton … elle se ressemble quand même beaucoup avec Obama.

Misha Uzan - JForum / Correspondant spécial en Israël

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