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Quand ISIS cache l'Iran, par Michaël Bar Zvi

Comme à son habitude le président américain Barack Obama réagit aux situations géopolitiques avec un temps de retard, et c'est encore le cas dans la lutte contre la menace des djihadistes de l'ISIS. Dans la précipitation, les pays occidentaux essaient de mettre sur pied une coalition en mesure d'affronter ces dangereux terroristes. N'ayant en aucune manière anticipé le déroulement des événements, les Américains sont à la recherche de partenaires stratégiques fiables, car ils espèrent ne pas aller eux-mêmes combattre sur le terrain. Or qui sont ces éventuels alliés, les shiites d'Irak, entièrement désorganisés et peu efficaces sur le plan militaire, les kurdes courageux et déterminés mais insuffisamment armés qui contrôlent un territoire aux frontières trop étendues pour être en mesure de les protéger, et quelques tribus sunnites peu enclines à se battre contre leurs frères même si elles ne partagent pas leur conception de l'islam. Face à cet état des lieux, il ne reste aux Américains que l'option d'un accord officieux avec l'Iran et la Syrie de Bachar el Assad. Selon plusieurs sources, le Pentagone aurait déjà eu des contacts avec Damas et Téhéran pour, d'une part utiliser l'espace aérien syrien pour ses frappes et pour apporter du matériel de guerre aux Kurdes, et d'autre part garantir la sécurité de pays amis comme la Jordanie et les Etats du Golfe. Avec l'Iran, la situation est bien plus complexe, car la négociation sur le nucléaire est encore en cours, et il est évident que le gouvernement de Téhéran va monnayer son soutien à Obama en exigeant un nouvel assouplissement des dernières sanctions encore en vigueur. Pour Israël, la présence de l'Iran dans une coalition contre l'ISIS représente l'effondrement de sa stratégie de délégitimation du régime des Ayatollahs, et lui enlève toute capacité d'agir sur la question du nucléaire iranien, aussi bien sur le plan diplomatique que sur le plan opérationnel. La déclaration d'Obama, il y a quelques jours, sur la caducité des sanctions à l'égard est un nouveau rejet des exigences israéliennes et un feu vert pour la poursuite du programme de développement nucléaire en Iran. Menacé sur le Golan par les débordements de la guerre civile en Syrie, Israël ne peut rester inactif face à l'autre mouvement djihadiste syrien issu d'Al Qaida, Jabat El Nosra, et ces événements contribuent à faire oublier le dossier du nucléaire iranien. Cela arrange les affaires de Téhéran dont les dirigeants actuels agissent avec plus de discrétion et de ruse qu'Ahmadinedjad, mais n'ont renoncé en rien à leurs objectifs à moyen et long terme. Netanyahou aura le plus grand mal à remettre cette question sur la table des pays occidentaux, déjà peu motivés et peu convaincus des arguments israéliens. Pourtant le point critique d'enrichissement d'uranium arrive à échéance dans quelques mois et une décision devra être prise à ce moment-là : intervenir ou bien changer radicalement la conception sécuritaire de l'Etat d'Israël, fondée sur la dissuasion nucléaire, établie depuis la fin des années 50 par David Ben-Gourion.
Michaël Bar-Zvi   Tet Zain Be Ellul 5774

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