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Israël face à la Syrie

Ehoud Barak

Ehud Barak, ministre de la Défense israélienne, pour quelques jours encore, a rencontré avant-hier son homologue américain fraîchement nommé, Chuck Hagel. Le principal sujet abordé lors de cet entretien a été la situation en Syrie et au sud Liban. Selon des sources israéliennes, le chef du Pentagone aurait fait part de ses craintes d'une attaque chimique contre Israël, et critiqué les préparatifs, insuffisants à ses yeux, de Tsahal pour parer à cette éventualité. Que peut faire Israël en cas d'attaque chimique en provenance de Syrie? Sur le plan défensif la population civile risque d'être atteinte, et il existe un fort doute sur l'efficacité des masques et l'imperméabilité des abris face à certains gaz. Sur le plan offensif, Israël peut frapper durement les infrastructures militaires et politiques du régime syrien, mais il a besoin d'un soutien logistique des Etats-Unis et surtout d'une coordination avec les armées turques et jordaniennes. Les dernières déclarations du Premier ministre turc Erdogan ne sont pas vraiment un signe encourageant pour la reprise d'un dialogue avec le régime ottoman. Par ailleurs, les contestations internes du pouvoir hachémite fragilisent le roi de Jordanie face à l'opposition des Frères musulmans. Dans un tel climat il parait difficile pour Israël d'envisager une action régionale. Alors quel est le but des remontrances à l'égard d'Israël, qui est déjà intervenu pour arrêter l'envoi de missiles au Hezbollah, il y a quelques semaines ? Deux raisons peuvent expliquer cette position. La première raison détourner l'attention du dossier iranien, sur lequel les américains ne semblent pas pouvoir obtenir les résultats escomptés. 

Obama s'est montré, à plusieurs reprises, exaspéré par les déclarations de Netanyahou sur la nécessité d'agir en urgence et il entend montrer que celui-ci néglige le risque d'une attaque chimique syrienne et concentre tous ses efforts sur le nucléaire iranien. La seconde raison est la volonté de renouer la coopération militaire entre Israël, la Turquie et les Etats-Unis, seule garantie d'un équilibre dans la région. Pour cela il faut prouver aux israéliens que la Turquie est indispensable à la sécurité d'Israël en cas d'attaque chimique. Le seul problème c'est que la Turquie refuse la reconstitution de cette alliance tant qu'Israël n'a pas présenté ses excuses pour l'affaire du bateau pirate Marmara. Hagel brandit-il la menace des missiles chimiques syriens pour mener Netanyahou par la main à Canossa et lui faire présenter des excuses à Erdogan ? Pas impossible. De plus pour la première fois depuis la guerre de Kippour des obus sont tombés sur le Golan et des groupes armés agissent dans la zone tampon entre l'armée syrienne et israélienne dans laquelle des observateurs de l'ONU ont été enlevés hier. La Syrie est au bord du chaos et probablement à la veille d'une nouvelle phase critique de la guerre civile. Israël respecte une sage neutralité, mais à la veille de la venue d'Obama au Proche-Orient, le moindre faux-pas peut être fatal.

Michaël Bar-Zvi  Khaf He be adar 5773

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