Une loi sur le génocide arménien peut-elle voir le jour en Israël?
Cadavres du "génocide arménien" |
Par muzan pour Francis-info
Une commission sur le génocide arménien
Ce lundi 26 décembre, une commission parlementaire israélienne d'Education examinait l'éventualité d'un texte reconnaissant le génocide arménien, une proposition de loi faisant du 24 avril, date du début des exécutions en masse d'Arméniens en 1915, une journée de commémoration du "massacre du peuple arménien". "Pendant des années, a déclaré Zahava Gal-On, une député du parti de gauche sioniste Meretz qui soutient la proposition de loi, le gouvernement israélien a refusé de reconnaître le génocide pour des raisons cyniques, stratégiques et économiques, liées à ses relations avec la Turquie". A noter qu'Arieh Eldad (Union nationale), parti de droite religieuse, est également à l'origine de la proposition de loi.
Caresser la Turquie aux dépens du génocide arménien
Jacob Amidror, chef du Conseil national de sécurité, s'est entretenu avec le président de la Knesset Reouven Rivlin et a souhaité assister à la séance sur ce qu'il appelle "un sujet sensible". Amidror s'inquiète évidemment des conséquences qu'une telle loi (et déjà une discussion publique) peut avoir avec la Turquie. Ont également participé à la réunion, le vice-ministre des Affaires étrangères, Danny Ayalon, et des représentants du Bureau du Premier Ministre, de la Justice, de la Culture et du Sport. On se souvient qu'en 2007, la Knesset avait rejeté une proposition similaire et que, depuis des années, les gouvernements israéliens successifs ont minimisé les manifestations de soutien aux Arméniens en Israël pour ne pas fâcher leur allié turc. Le gouvernement israélien a même refusé jusqu'à présent d'envoyer un représentant au Jour commémoratif du génocide arménien en avril. Que ne ferait-on pas pour ne pas froisser un allié arrogant et négationniste? Car la Turquie fait plus que contester le mot "génocide arménien", elle nie toute responsabilité ottomane dans la mort d'un million et demi d'Arméniens à en 1915.
La France pousse Israël à revoir le cas du génocide arménien
Mais depuis l'opération Plomb durci dans la bande de Gaza en 2008, puis la tentative turque de forcer le blocus de Gaza et d'autres crises qui ont suivi, les relations entre Israël et la Turquie ne sont plus ce qu'elles étaient. Israël a contraire noué des relations avec Chypre et la Grèce, tandis que la Turquie a fait de jolis sourires à l'Iran et à la Syrie d'Assad (avant la crise récente).
La période paraît donc propice. Georgette Avakian, membre du Comité national arménien à Jérusalem, a indiqué à la radio publique que ce comité y travaille depuis des années et qu'ils espèrent "que le temps est venu". Gal-On, de son côté, a indiqué qu'elle était "très contente qu'il y ait une audience publique." Car selon elle "Israël a une obligation morale de reconnaître les horreurs du passé."
Toutefois, ni Gal-On ni Rivlin ne disent vouloir s'en prendre à la Turquie. Selon eux, une reconnaissance du massacre de masse des Arméniens "est en faveur des Arméniens et non pas contre les Turcs». Le député Alex Miller a par ailleurs indiqué que la question était complexe et qu'il y aurait donc " discussions supplémentaires à l'avenir" sans exploitation populiste.
On verra si ce sera suffisant pour la Turquie, sans doute pas. En tout cas la France a montré la voie. Et sa crise avec la Turquie se poursuit, jeudi un exercice militaire en commun a été annulé, la France craignait des fuites de technologie vers des mains hostiles, notamment l'Iran. La Turquie préfère s'allier avec un Iran qui appelle à un nouveau génocide, plutôt que de reconnaître de quelque manière un génocide arménien.
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